lundi 7 mai 2012

Salon du livre du 1er mai - Arras

Je ne sais pas vraiment si le bilan de mes salons est un récit palpitant pour toi, cher lecteur, mais pourquoi ne pas profiter de mon regard neuf (et naïf ?) sur la chose pour continuer à le faire pendant un temps. Dans quelques années, je continuerai peut-être à en faire (espère-le pour moi) mais l'habitude de cet exercice me donnera moins l'occasion d'être aussi observateur et curieux. Blasé, sans doute pas! Car dans ce cas, faudra arrêter. 

Ce salon du 1er mai n'est pas n'importe lequel pour moi. Il a lieu dans la ville où je travaille et où je vis (ouais, bon, j'habite en fait dans un village à 150 mètres d'Arras). Depuis son année de création, en 2003, j'y passe tous les ans et forcément, depuis deux ou trois ans, je me dis "Un, jour, oh oui, un jour, j'y serai en tant qu'auteur". 

Le truc vraiment cool de l'histoire, c'est que le livre a été lu et apprécié par Marie-Charlotte, libraire à "Au pied de la lettre" à Arras et qui l'a fait savoir aux organisateurs de l’évènement. Voila bien une chose qui m'aide à croire en ce que je fais et à ne rien lâcher : une personne lit mon roman jusqu'à la dernière page, referme le bouquin et se dit "qu'est-ce que je peux faire pour l'aider". Punaise, j'ai vraiment du bol ! Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Ultra-motivant. Bref, grâce à Marie-Charlotte, me voilà officiellement invité en tant qu'auteur, avec mon nom sur le dépliant, au milieu d'auteurs reconnus pour leurs travaux littéraires. Oh la la les gars, il fallait que j'assure ! 


Voilà le jour J qui arrive, après un peu d'écriture d'un projet en cours et la rédaction d'un article sur American Pie, il est tant de réveiller la famille et de se préparer. J'arrive au salon pour dix heures du matin, je sais que je vais être un peu en avance par rapport aux autres auteurs mais, contrairement à eux, je dois préparer ma table. Oui car voilà comment ça se passe : c'est une librairie qui gère les ventes du salon, donc le stock. Pour chaque auteur, il y a environ cinquante exemplaires de livres (chaque auteur ayant une vingtaine d'ouvrages à son actif) et c'est le libraire qui gère tout. Pour ma part, me débrouillant tout seul pour la distribution, le libraire me laisse gérer mes ventes, ce qui est sympa en fait, car dans le cas contraire, je serais plus "tranquille", c'est vrai, mais je devrais filer un pourcentage à ce dernier. C'est bon, ma "table" est prête, bon, un seul livre pour moi, au milieu des "tas" de livres, je me demande comment les visiteurs vont voir la chose. On verra, on verra... En tout cas, je suis bien placé : au centre de la longue tablée, devant la porte grande ouverte. On me voit donc depuis l’extérieur.


Les autres auteurs commencent à arriver. Christophe Léon me salut et se présente avant de rejoindre ses livres à quelques mètres, en bout de table. Un peu plus tard, Jean Leroy vient me serrer la main. Le dessinateur s'installe à l'autre bout de la table, je n'aurai pas l'occasion de parler avec lui, il sera très occupé durant la journée. Les gens viennent vachement vers lui, on sent qu'il est sympathique et passionné par son métier d'auteur et n'hésite pas à bavarder longuement avec ses lecteurs. Ses albums sont d'ailleurs excellents ! Guillaume Gueraud arrive à son tour, on se dit bonjour rapidement, il sera mon voisin de droite. Enfin, l'auteur qui sera à ma gauche, Vincent Cuvellier dit bonjour aux autres auteurs, avant de prendre place. Il ne me capte pas et a priori, ne me captera pas plus pendant le reste la journée.


Les premiers visiteurs arrivent. Forcément, peu sont venus pour moi et mon unique roman. Quelques regards, quelques prises en main du bouquin le temps de lire le quatrième de couverture. Le livre est reposé, parfois, avec un petit air de dégoût. Ah, quelqu'un veut une dédicace. Youpi, c'est la gloire. Ah bah non, c'est un livre de Guillaume Gueraud ça madame ! Il est parti quelques instants... Je remarque qu'il y a peu d'adolescents pour le moment, pas mal de familles puis des gens de tous âges qui font simplement le tour du salon. Les autres auteurs ne me parlent pas, mais ils discutent entre eux. J'entends et j'apprends quelques informations sur le monde de l'édition (voir paragraphes suivants). Pour le moment, je remarque qu'un père de famille s’intéresse à mon bouquin. C'est la deuxième fois qu'il passe et jette des regards sur la couverture. Je lui propose un excellent retour vers les 90's grâce à Real TV et lui file mon tout nouveau flyer fait maison avec des retours de lecteurs dessus. Il lit puis s'en va... Quelques minutes plus tard, une maman arrive, elle bloque littéralement sur mon bouquin, me pose plein de questions dont le prix. Cool, elle m'en prend un et veut sa dédicace. Elle appelle quelqu'un, son mari, et lui montre sa découverte. Le mari en question est le monsieur qui hésitait. ;-)

D'autres lecteurs découvrent mon roman, feuillettent, embarquent mes flyers (j'en ai aussi un pour la millième fois). Une dame me prend le roman pour son petit-fils qui regarde trop la télévision. Puis, parfois, les gens sont moins nombreux. Les auteurs parlent entre eux. En fait, ils citent un tas de noms et prénoms de gens et sur le coup, je ne comprends pas pourquoi. Bon, j'écoute ou j'entends, je ne sais pas vraiment, mais mes côtés curieux et découvreurs m'obligent à être attentif à leurs échanges. Je comprends. En fait, entre auteurs, ils ne parlent pas des maisons d'édition, mais des directeurs de collections. J'entends beaucoup la question "Tu bosses avec untel ?" Les auteurs se connaissent bien, ils se croisent régulièrement dans les salons, se lisent sans doute. Je me dis que c'est normal d'être un peu de côté pour l'instant et puis mon caractère est d'être d'abord en retrait. Les visiteurs continuent à poser des questions sur mon bouquin, je fais de nouvelles dédicaces et puis, pas mal d'amis viennent me saluer (ça fait plaisir !!!). Christophe Léon s'approche et commence à s’intéresser à Real TV, il prend un exemplaire et démarre sa lecture. Guillaume Gueraud me pose quelques questions.

Justine, qui s'occupe de la mise en place du pôle jeunesse de ce salon vient me prévenir que je suis attendu à 15h, dans le studio mobile de la radio locale PFM qui enregistre une émission en direct du salon toute la journée. Je serai interviewé avec Guillaume Gueraud. Quelques jours plus tôt, Boris, animateur dans cette radio, était en effet passé me voir au boulot pour obtenir un exemplaire du roman afin d'en parler. Bon, si je suis invité, c'est sans doute qu'il a aimé... ou pas.

Y a toujours un moment où ça arrive... Je fais ma pause pipi. Quand je reviens, il n'y a plus grand monde, les auteurs sont partis faire leur pause-repas. Moi aussi, j'ai eu un ticket pour un bon repas dans un restaurant classe, mais du coup, je vais attendre un peu. D'ailleurs, un homme s'approche de ma table. Pendant mon absence, il a tilté en découvrant Real TV et son approche générationnelle. Je sens le monsieur très curieux et ses questions sont pertinentes, faut que je fasse tourner à fond le ciboulot pour pas trop lui dire de bêtises. On réfléchit à d'autres auteurs décrivant les années 90. Je mentionne Douglas Coupland mais pas pour Génération X , son roman le plus connu, plutôt pour Microserfs, passionnant bouquin sur la génération Microsoft/Apple. Sur le coup, je ne sais plus donner de nom à une auteur dont on me parle très souvent, mais que j'ai toujours pas lu :Ann Scott. Le monsieur veut acheter mon roman, mais comme je ne peux prendre de carte bancaire, il reviendra plus tard. On en reparlera. C'est pas encore le moment de la pause repas pour moi, en fait, il y a moins de visiteurs mais les gens sont beaucoup plus intéressés. Une dame me demande de lui conseiller un livre (pas forcément le mien) pour ses deux fils jumeaux, qui passent leur temps à jouer à la console de jeux. C'est chaud, voilà une demande que l'on me fait régulièrement en bibliothèque, mais la réponse n'est pas aisée. A moins d'un énorme coup de coeur, c'est difficile de faire lire un gamin qui n'a pas envie. Je lui dis. Mais, je précise que Real TV parle de jeux vidéo et qu'il est plutôt facile à lire. Mais rien n'est gagné vis à vis de ses enfants. Bon, elle me le prend quand même. Je l'invite aussi à passer en médiathèque, peut-être que les enfants y trouveront des livres intéressants. Même une BD ou un comics, c'est un livre (message pour tous les parents !).

Juste avant que je me décide à faire ma pause-déjeuner, vers 13h30, Boris l'animateur de PFM passe me dire bonjour et vérifier que j'ai bien eu l'info. Il est à la bourre et me dit simplement : "Bon, j'ai avalé ton roman en deux heures, je me suis ré-ga-lé !!!" Oh, cool !!! Je suis rassuré.

De retour en dédicace, les affaires reprennent. Cette fois, je connais la personne qui vient m'acheter un exemplaire, c'est Elodie, une excellente photographe, notamment de concerts, qui s'est lancée là-dedans au moment où j'ai décidé d'arrêter. Ça tombe bien, ses clichés sont dix fois meilleurs que mes pauvres photos, ça m'aura évité de me taper la honte. On parle photos bien sûr, un peu école et beaucoup scène locale. C'est à ce moment là qu’Émilie arrive pour me faire un petit coucou et prendre une photo. Cher lecteur, je ne te montre pas le cliché en question, presqu'un gros plan, je veux pas te faire peur. Contente toi du plan un peu plus large de la situation, juste là:
(merci  Émilie ).

Les autres auteurs reviennent petit à petit, je continue à répondre aux questions des visiteurs et à ne pas dédicacer les livres de mes voisins. Christophe Léon me dit que mon roman commence bien, il continue la lecture. J'en profite quand même pour lui poser quelques questions pour en savoir plus sur le monde secret de l'édition et il me donne pas mal d'informations intéressantes. En fait, cet échange créera en moi un leitmotiv qui reviendra plusieurs fois dans la journée : Hiero, on lâche rien ! Oui, cette journée me motive, m'apprend, me donne confiance même si le chemin est encore long. Bah oui, y a forcément des jours où je me pose des questions, où je me dis que plutôt que d'être réveillé à 5 heures et de me prendre la tête sur une histoire, je peux arrêter tout ça et me reposer pour pouvoir mater plein de dvd le soir jusqu'à pas d'heure. Mais bon, ça passe toujours très vite.

Il est pas loin d'être quinze heures, je dois me rendre au studio mobile de PFM, au pied du Beffroi d'Arras. J'ai pour mission de venir avec Guillaume Gueraud, mais celui-ci attend l'un de ses amis, il arrive dans quelques minutes. OK. Une fois "chez" PFM, Boris me brief sur l'interview qui n'en sera pas une. En fait, c'est un débat d'une heure qui est prévu. Guillaume et moi avons écrit sur la télévision. Et oui, à ma gauche messieurs dames, Guillaume Gueraud, 40 ans, une vingtaine d'ouvrages écrits dont Sans la télé et à ma droite, Hieronymus Donnovan, 32 ans, auteur d'un roman Real TV. Nan, je fais le malin, mais je me sens pris de cours à partir pour une heure de débat, j'ai pas bien l'habitude. Mon cerveau va exploser à tenter de pas répondre n'importe quoi. En tout cas, grâce aux sketchs des Robins des bois, je sais au moins que je ne dois pas oublier de rebondir. Non, puis ça va, le débat est correct même si avec Guillaume, on a en effet pas la même sensibilité télévisuelle, tout se passe bien. Bon, il a vachement plus l'habitude de répondre aux questions et je dis quelques conneries, mais ça aurait pu être pire. D'ailleurs, après l'émission, Boris me propose de revenir dans quelques temps, pour parler un peu plus de Real TV. Ouf !

Allez, je retourne à ma table. Il y a un monde de fou, limite je n'arrive pas à me faufiler vers ma table. Les visiteurs sont bien plus nombreux que le matin mais je ne vendrai plus aucun livre. C'est comme ça. Je parle encore un peu avec les autres auteurs. Quand Guillaume comprend que Real TV est publié via HD Corp, que j'ai moi même créé, il me dit "punaise, ça doit être chiant" ! Bah oui, mais bon, fallait bien. Après, si un éditeur veut étendre la diffusion du roman, je ne suis pas contre. D'ailleurs, Christophe Léon qui a continué à lire le roman pendant mon absence me dit qu'il est bien. Je lui file un de mes exemplaires presse, qu'il va lire dans sa chambre d'hôtel. Cool.

D'autres amis viennent me rendre visite, Chris Hamilton m'apprend qu'un exemplaire de Real TV s'est envolé vers le Québec. Le chanceux ! Le monsieur de tout à l'heure revient, celui qui était intéressé par ma démarche générationnelle et qui me pose plein de bonnes questions. On discute, je lui demande s'il n'est pas auteur, il pose des questions d'auteur, mais non, il est instit. Les instits posent de bonnes questions aussi, c'est vrai. Il part avec un exemplaire, j'espère qu'il aimera !  Le public est de moins en moins nombreux, il est temps de faire un petit bilan des ventes. Six Real TV en moins dans le stock. Je suis content. Non, ce n'est pas beaucoup. Pourtant, de ce que j'ai observé autour de moi, ça ne me semble pas mal. Avec des dizaines de romans différents sur leurs tables, les autres auteurs n'ont a priori pas vendu plus d'une quinzaine d'exemplaires chacun. Bref, je suis dans la moyenne. Il ne me reste que 30 exemplaires sur les 150 de départ. On m'avait dit "avec si peu de distribution, compte en vendre une centaine d'exemplaires sur un an", j'ai fait 120 en deux mois. Cool.

Merci à toutes les personnes qui sont passées me voir (et que je ne cite pas forcement!), aux sympathiques auteurs dont j'ai fait la connaissance, à Colères du présent pour l'investissement et l’accueil et à tous mes nouveaux lecteurs. Merci à Marie et Marie-Charlotte de la librairie Au pied de la lettre.

Le prochain salon : Ruralivres, les 15 et 16 mai, la semaine prochaine. Le premier jour est réservé aux scolaires, le second est ouvert au public. N'hésitez pas à venir !!!

Portez vous bien, ne lâchez rien,
Hiero





1 commentaire:

  1. Courage l'ami, ton livre est intéressant et compte sur le bouche à oreille pour le faire connaître ! fais des salons,accroche les gens, parle leur, il n'y a rien de plus désagréable qu'un auteur qui attend derrière son stand sans être humain, qui bouquine... Allez hauts les coeurs ! amitiés

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...